Nous nous renseignons auprès de notre auberge pour une excursion au parc national Torres Del Paine, situé à 2 heures de route environ de Puerto Natales qui est notre première étape chilienne.
Nous n'étions pas nécessairement parties pour faire une grande rando, mais plutôt des excursions d'une journée... mais comme nous ne sommes pas du genre à ne pas relever les défis, c'est parti !
Nous vidons le sac de Laure qui nous servira pour la rando.
Nous louons une tente, des tapis de sol, allons faire quelques courses au supermarché, et prenons le bus très tôt le matin. Nos sacs sont assez lourds : tente, sacs de couchage, vêtements très chauds, conserves, fruits, eau... et du change en sous-vêtements pour 4 jours.
Je pars équipée de mes chaussures de rando (rose, pour le style), de ma boussole numérique, de ma polaire de schtroumpfette à poil long (ou de Nävi rasta, pour les fans d'Avatar), de mon gore-tex, et de mon super sac de couchage de compet' que je vais mettre à l'épreuve pour la première fois. Un look d'enfer !
Nous arrivons au parc qui est magnifique. La nature y est très puissante, et nous avons
immédiatement une vue sur les 3 «Torres del Paine », c'est à dire les « tours du ciel bleu »... en effet, le ciel est bleu... pour le moment. Mais il s'agit de haute montagne et on nous a bien prévenues que les nuits étaient très fraîches.
En avant pour la première rando. C'est beau, mais ça grimpe fort... Laure décide d'opter pour une autre rando moins rude, et je continue ma route, seule, vaillamment. Je suis alors face à moi-même, à ma condition physique, qui s'avère être bien plus résistante que je l'imaginais, face à l'immensité des montagnes qui se dressent devant moi. La fin du trek, c'est en haut. Je croise un panneau qui indique qu'il reste 2,4 km à parcourir... et qu'il faut prévoir 3 heures : c'est dire si ça grimpe !
C'est incroyable ce qu'il peut se passer dans ma tête durant cette ascension. J'ai mal partout. Mon sac est lourd, j'ai le souffle court, mais j'ai décidé d'arriver en haut, je refuse de faire demi-tour comme tellement de gens devant moi.
Je me souviens alors qu'avant de partir j'ai glissé mon MP3 dans mon sac. Lumineuse idée ! Là, j'ai un peu cessé d'être seule et, sans le savoir, beaucoup d'entre vous ont fait un bout de trek avec moi, au fil des musiques que j'écoutais. Voilà quelques dédicaces (la liste n'est pas exhaustive !)
Chloé : Bon Jovi, évidemment ! « Shot to the heart, and you're to blame... »
Camine : Sansévérino « à force de... remuer, remuer... » et « l'Autre Finistère » des Innocents
Fabou : Les Wriggles (surtout la Petite Olive et N'importe Nawak)
Grégon : les Ogres de Barback
Fio : Rodrigo y Gabriela
… et bien d'autres m'ont donné la force d'arriver en haut.
Là, moment de grâce. La vue est spectaculaire. Les trois tours dominent un lac turquoise. On dirait le Mordor du Seigneur des Anneaux. Il y a quelque chose d'extrêmement puissant, voire violent. Les condors planent au dessus du lac. On entend au loin l'orage tonner. En un rien de temps, le ciel se couvre. Je fais une petite pause, puis entreprends la descente, qui s'avère assez périlleuse : la pente est très raide, semée de grosses pierres qui roulent sous mes pas (mais n'amassent pas mousse). Il me reste au moins 4 heures de marche. Je suis fatiguée et je suis bien consciente que si ma cheville me lâche maintenant, personne ne viendra me chercher. Je fais donc très attention où je mets les pieds.
Ma descente est aussi ponctuée de musique, mais plus apaisante. Un peu de classique, Ben Johnson (évidemment), Adam Green, Mirah...
J'arrive au camp de base vers 20 heures. Deux boîtes de thon, une pomme, quelques cookies, et je m'installe dans la tente. 20H30 : je dors ! Fourbue, mais quand même sereine d'être allée au bout de moi-même !
La nuit est fraîche, mais mon sac de couchage est vraiment top ! Je me réveille au petit matin, pas forcément partante pour une nouvelle journée de marche, mais bon... je ne vais pas reculer maintenant ! Alors on plie le camp, on recharge les mules que nous sommes et nous reprenons notre chemin. Il y a un vent incroyable. Avec les sacs, la prise au vent nous déséquilibre et, sur les sentiers escarpés des montagnes, il faut redoubler de vigilance. Je réalise que j'ai perdu mes lunettes de soleil la veille, quelque part dans la montagne. Merde.
Le vent soulève beaucoup de sable et de cochonneries et le soleil est éblouissant. Je me sers alors de mon foulard pour me faire une sorte de chapeau à voile. La visibilité n'est pas idéale, mais au moins je ne me prends plus rien dans les yeux. Lorsque nous croisons d'autres randonneurs, je lis dans leur yeux un peu de surprise...
Encore une journée de 8 heures de rando, et nous montons notre tente dans une forêt, à l'abri du vent. Encore une bonne nuit de sommeil, et une bonne réflexion sur le planning du lendemain : est-ce qu'on pousse encore ou est-ce qu'on rentre le soir ? Ils annoncent de la pluie, nous disent des randonneuses, et encore plus de vent... OK, on rentre demain !
Encore plusieurs heures de marche nous séparent de l'embarcadère où nous prenons un bateau pour traverser le lac et nous amener à l'entrée du parc. Deux heures de bus plus tard, nous rentrons à Puerto Natales. Ah... il n'y a plus de place dans notre auberge. Bon, tant pis, on reprend nos sacs et on va prospecter ! On n'est plus à 10 km de marche près ! Nous trouvons finalement une auberge, posons nos sac, et filons à la laverie apporter nos affaires de trek. Sympa, le cadeau ! Nous avons porté les mêmes vêtements pendant ces 3 jours et 3 nuits de trek, sans douche... Oui, surtout lavez bien chaud, hein ?