Bon, d'accord, c'était juste un scooter, mais un 125cm3 quand même !
Avec mon compagnon de voyage hollandais, nous décidons de louer des scooters pour partir (fièrement) à la découverte de l'île. Il y a deux routes goudronnées : une qui longe la côté sud et une qui traverse l'île en diagonale de Hanga Roa (le village) à Anakena (la plage). Les autres routes sont des chemins assez rocailleux et pleins de nids de poule, ce qui transforme parfois l'expédition en performance de cross.
Nous commençons par aller admirer le cratère du volcan Rano Kau au fond duquel il y a un lac dont la végétation est protégée. Il y pousse apparemment un champignon qui aurait des propriétés curatives de la maladie d'Alzheimer. La vue est superbe sur la côte et nous croisons de multiples troupeaux de vaches et de chevaux sauvages. Il fait un temps splendide.
Nous suivons ensuite la côte par le sud, nous arrêtant toutes les 5 minutes pour admirer les Moaïs (ces fameuses statues gigantesques). Beaucoup d'entre eux sont couchés... c'est le résultat de différents entre les tribus de l'île : lorsque deux tribus s'affrontent, elles renversent les Moaïs de la tribu adverse. C'est le pire affront possible. Comme les statues représentent les âmes des ancêtres, elles protègent les tribus des mauvais esprits. Ainsi, une tribu dont les Moaïs ont été renversés est exposée à toutes sortes de maléfices.
Nous nous arrêtons ensuite au site du volcan Rano Raraku qui est la carrière de fabrication des célèbres statues. Sur les flancs se trouvent des dizaines et des dizaines de Moaïs terminés, on dirait que du jour au lendemain, tous les ouvriers sont partis et ont laissé en l'état tous ces Moaïs à différents stades d'avancement, y compris ceux terminés qui étaient en voie d'acheminement vers les différents Ahus (= plateformes de pierre supportant les Moaïs) de l'île. Au total on compte près de 400 Moaïs à différents stades d'avancement dans la carrière. Leur forme a évolué au fil des siècles. Ils sont caractérisés par une tête démesurée et allongée, oreille hyper étirée, arcades et menton bien saillants, lèvres fines avec un air dubitatif. Le plus grand d'entre eux mesure 20 mètres et pèse 200 tonnes.
En examinant les Moaïs sortis "d'usine" en attente d'acheminement on a pu échafauder une hypothèse sur leur transport jusqu'aux plateformes. On a constaté l'existence à leur base d'un surplus important de matière. On peut très bien penser qu'à l'aide de cordage on pouvait déplacer les Moaïs debout comme on déplace un frigo. D'ailleurs on a retrouvé des traces de cordage sur les Moaïs et le surplus de matière avait disparu du fait du frottement une fois arrivé au niveau de la plateforme.L'île était parcourue par des "autoroutes" formées d'allée pavée qu'on peut trouver encore aujourd'hui, elles contribuaient à une bonne "glisse" des Moaïs. Mais globalement, le mode de transport reste un grand mystère et les spécialistes sont en désaccord sur le sujet.
Depuis le volcan, on aperçoit Ahu Tongariki, une plateforme de 150 mètres de long sur laquelle se dressent fièrement 15 immenses Moaïs. Nous nous dirigeons donc vers ce site. Nous apprenons que ces Moaïs ont été renversés par un raz de marée en 1960 mais restaurés par un mécène japonnais. Ils se dressent fièrement, dos à l'océan, et ils imposent le respect !Pour vous donner une notion de l'échelle : vous voyez le petit point blanc au milieu de l'image ? C'est moi (debout, évidemment).
Tout près de Ahu Tongariki, quelques locaux vivent sous des tentes (en slip avec un chignon sur la tête) et hurlent en Rapa Nui (dialecte local) lorsque des touristes passent près de leur tente (bon, ils vivent au bord de la route, donc ça arrive fréquemment). Je préfère ne pas savoir ce qu'ils disent !Nous reprenons la route autour de l'île, et nous allons trouver refuge sous une sorte de baraque à frites au bord de la plage d'Anakena. Un violent orage s'abat sur nous... il est temps de rentrer de toute façon, il va faire nuit bientôt !
Nous avons loué les scooters pour 24 heures pour pouvoir aller admirer le lever du soleil. A 6 heures du matin, nous reprenons donc nos fières montures et retournons à Ahu Tongariki qui offre une stratégique exposition plein est. Sur le site, un Rapa Nui fait des incantations face aux Moaïs au moment où le soleil commence à poindre à l'horizon. Je suis absolument sidérée par la beauté de ce lever de soleil. C'est tout simplement inoubliable.