mardi 13 juillet 2010

Le Cambodge au fil de l'eau...


Après 4 jours passés à Siem Reap à visiter les temples d'Angkor, je décide de reprendre ma route pour aller vers l'est à Battambang. On peut y aller par la route en 3 heures, mais je décide d'y aller en bateau par le lac Tonlé Sap et le fleuve Sangker. J'en parle à un employé de mon hôtel qui m'organise ce trajet en bateau. Le temps de trajet, me dit-on, peut varier entre 3 et 7 heures, selon le niveau de l'eau. Bon, le niveau de l'eau est très bas et nous avons eu deux pannes moteur, nous obligeant à faire un bout du trajet à la rame, donc nous mettons 11 heures à atteindre Battambang, en plein soleil sur un vieux rafiot qu'il fallait écoper toutes les heures. Evidemment, décrit comme ça, ça ne fait pas rêver. Pourtant c'est une expérience incroyable. Le fleuve est bordé de villages flottants et les maisons de bois sont bâties sur des radeaux supportés par des bidons. Sur les rives, des maisons sur pilotis se dressent, défiant les lois de l'apesanteur. Dès que nous passons aux abords d'un village, tous les enfants se précipitent pour nous faire des grands signes et nous envoyer des bisous. J'assiste à plusieurs scènes de la vie quotidienne au bord du fleuve : certains pêchent, d'autres font leur lessive dans l'eau opaque et brune, ils réparent les barques de pêche et de transport, les enfants jouent et s'arrosent, ils plongent dans les vagues du sillage de notre bateau (sauf quand on est obligés de ramer...).
Les Cambodgiens sont pauvres, c'est évident, mais c'est une communauté qui ne semble pas souffrir de la famine. Ils cultivent la terre, et l'entraide est très importante entre les différentes communautés. D'après les éclats de rire des enfants et les sourires des adultes, il semble que ce peuple soit particulièrement harmonieux et serein, malgré les insupportables cicatrices, encore à vif parfois, de la période des Khmers Rouges.
Sur le bateau, j'ai l'occasion de discuter avec Fili (je ne suis pas sûre de l'orthographe). Fili a 14 ans et travaille sur le bateau avec son oncle : il aide à charger et à décharger les sacs de riz et les tissus que nous transportons à bord. C'est aussi lui qui saute à l'eau et pousse le bateau quand il n'y a pas suffisamment de fond et que nous restons coincés. Il ne va plus à l'école. Maintenant, il sait lire, écrire, compter, il parle un anglais tout à fait correct, et sa famille a besoin de lui. Il m'explique qu'il a déjà le savoir et l'esprit, et que la vie lui apprendra le reste. Lorsque je lui explique que je suis professeur, il change d'attitude avec moi. Il me traite soudain avec un immense respect, me demande régulièrement si j'ai faim, si je veux de l'eau, si je veux qu'il fasse de la place pour que je puisse m'assoir à l'ombre du minuscule parasol qui abrite la glacière... Je suis d'un seul coup devenue « Madam Sophie », et il s'incline en joignant les mains à chaque fois qu'il m'adresse la parole. Apparemment, ici, on respecte les enseignants. Tiens, bizarre, je n'ai pas l'habitude de ça...
Lorsque j'arrive à Battambang, je suis rouge comme une tomate et desséchée comme un vieux pruneau... et là, en l'espace de 10 minutes, le ciel se couvre, 3 gouttes tombent et soudain il pleut à torrent. L'expression « pleuvoir des cordes » prend tout son sens. Avant de quitter le bateau, je laisse à Fili deux stylos et un calepin avec mon adresse e-mail. Il promet qu'il m'écrira, pour pratiquer son anglais. Il est ravi du cadeau !
J'arrive à mon hôtel et je retrouve le couple d'Anglais que j'avais rencontrés à Siem Reap et avec qui j'avais visité les temples.

1 commentaire:

  1. Je cite : "je suis rouge comme une tomate et desséchée comme un vieux pruneau." Fais attention !! Pour information, les métaphores culinaires, ça fait péter.
    Tu pourrais attraper la tourista...
    Zoubi Annesushi !
    Fbert1

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